Les touristes que l'on a croisés (cela doit probablement varier suivant les périodes de l'année) :
. Américaines en séjour linguistique. Pantalon de jogging informe, accent ricain par le nez, et elles se promènent toujours entre filles de même taille et de même corpulence.
. Couples français. On les repère à leur Routard sous le bras, ils sont soit assez jeunes, soit au contraire retraités.
. Groupes de Japonais. Généralement ces groupes sont assez uniformes en termes de classe d'âge. Ils scotchent assez longtemps devant le David de Michel Ange, place de la Seigneurie.
. Jeunes femmes japonaises. Généralement par groupe de 2 ou 3 de même taille et corpulence.
. Femmes seules (exemple de blog ici). On ne les repère pas tout de suite, mais on les identifie facilement dans les restaurants. Ce sont sans doute les cibles les plus probables du fameux syndrome de Stendhal, sorte d'état d'extase psychosomatique provoqué par la conjonction de plusieurs facteurs que l'on trouve aisément à Florence : exposition à des oeuvres d'art particulièrement marquantes, fatigue du décalage horaire ou du rythme pédestre touristique, perte des repères dûe au décalage culturel.
Dixit Stendhal : "J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber".
Extrait d'une interview de la psychiatre florentine qui a beaucoup étudié le phénomène :
"(...) Elle vient de la conjonction de trois facteurs : l’histoire personnelle du sujet, le fait d’être en voyage (on perd momentanément ses repères quotidiens) et la rencontre avec les oeuvres d’art. Le fait d’être doté d’une bonne culture artistique, ou d’un froid intellect, ne protège personne : il existe des structures psychiques prédisposées au syndrome, d’autres non. Surtout, c’est toujours un détail de l’oeuvre, un aspect particulier, qui « fait mouche » et ramène à la surface quelque chose de profondément enraciné en soi.
Au cours d’entretiens, Timothy, le jeune Américain, s’est rendu compte que le genou du « Narcisse », placé au centre exact du tableau et concentrant sur lui toute la lumière, lui était soudain apparu comme un gigantesque bâton, un symbole phallique. Maria, elle, avait entrepris son voyage contre l’avis de son mari, qui aurait préféré qu’elle garde ses filles (un petit groupe de femmes…) à la maison… Les malades viennent d’un peu partout, peut-être un peu plus du nord de l’Europe, sans doute parce qu’on y voyage souvent en solitaire. Les soins sont simples : du repos, pour reprendre contact avec la réalité, des entretiens, parfois des anxiolytiques légers."
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